vendredi 8 avril 2016

N°15 - Encourager Quelques Âmes, Peut-être...

Cette chronique est inutile, car elle ne procure ni gain, ni bénéfice.

Je suis philosophe, historien, sociologue et essayiste et je suis très sollicité, car mes thèses ; mes démonstrations, font très largement autorité. Mes apparitions et mes publications font toujours l'évènement et sont très commentées. J'objective. Mon bagage scientifique me permet d'approcher et de valider nombre de concepts qui font progresser la lecture du réel dans tel et tel domaine. 

Eh oui, c'est... n'importe quoi, ces palabres, et ce n'est pas dans ces lignes que je vais laisser croire le contraire ! Je suis un escroc parmi les escrocs, rien de plus ; rien de moins ! Une sorte de prophète, ou pire, de prêtre moderne. Un médiocre éclairé, intercesseur de divinités prescriptrices éphémères, destinées à influer sur le marché volatile de l'opinion à la seule force de mon autorité charismatique.

Il faut dire qu'il y a bien longtemps maintenant que j'ai choisi mon métier : "auto-entrepreneur", en quelque sorte.
Depuis, le temps que je passe à occuper - avec une intelligence certaine, semble-t-il - les segments de marché qui me nourrissent confortablement n'est en rien compatible avec l'ascèse que je devrais m'appliquer, si je poursuivais un but quelconque en rapport avec une pensée plus libérée pour un travail véritable de réforme de l'entendement, qu'il serait bien temps d'entamer.

Je sais que j'aurais tout à défricher si je devais connaître une nouvelle vie et plus de courage. Il me faudrait pénétrer la logique de l'instinct ; rompre avec le langage qui travesti ; assumer de devenir illisible et approcher l'esprit de l'art pour exprimer ce que mes mots à la tonalité savante "dédisent". Il me faudrait ainsi des oreilles pour lire les palettes d'affectivité sources d'interprétation ; des yeux pour entendre la musique qui réconcilie les mondes et ses innombrables liens. Peut-être pourrais-je alors ne plus condamner le réel, à faire effet comme je le fais...

Je vous livre cet extrait de mon journal tout en conservant l'anonymat par simple lâcheté, car je ne me sens aucune force qui me permettrait de rompre avec mon confort imbécile, au cas où mon aura viendrait à faiblir.
J'ai timidement commencé à poser les bases d'une publication posthume, dans l'espoir de parvenir à entrouvrir une ou deux voies et d'encourager quelques âmes qui me succèderont à entamer une activité authentique. 
Qui sait !? Je dois tenir bon.

Le numéro suivant de CHRONIQUE INUTILE DU VENDREDI (La) vous causera d'art.

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